Éducation & Formation

Intégrer la pratique manuelle au service de la réussite éducative : l’engagement de l’association De l’or dans les mains, soutenue par la Fondation groupe EDF

L’association De l’or dans les mains œuvre pour réintégrer la pratique manuelle dans l’éducation des jeunes. À travers des projets pédagogiques et un réseau d’artisans locaux, elle permet aux collégiens de découvrir des métiers manuels tout en enrichissant leur parcours scolaire. Gabrielle Légeret, directrice générale de l’association, revient sur les enjeux du programme « Je découvre les métiers manuels » soutenu par la Fondation groupe EDF, son implantation dans les établissements scolaires et l’importance de réhabiliter ces métiers techniques dans l’enseignement et dans les perspectives d’orientation des jeunes.

Quelle est la mission de l’association De l’or dans les mains ?

Notre mission est de réintégrer la pratique manuelle, et pour cela, nous agissons sur deux leviers principaux.

Le premier est un levier de terrain. Nous déployons des dispositifs pédagogiques dans les établissements scolaires avec des artisans formés et accompagnés, pour faire fabriquer des objets aux élèves en lien direct avec le programme scolaire. Par exemple, des élèves peuvent travailler avec un menuisier sur la fabrication d’un banc pour leur cour d’école, tout en apprenant à calculer les angles et à utiliser des outils spécifiques. Ce dispositif permet de briser la dichotomie entre le manuelle et l’intellectuel, en montrant aux enfants que la pratique manuelle est tout aussi précieuse que les savoirs théoriques. Nous avons déjà mis en place un programme phare, « Je Découvre les Métiers Manuels », qui est déployé dans 30 établissements scolaires et qui propose 15 heures de pratique en lien avec des métiers manuels, en collaboration avec des artisans et des entreprises du patrimoine vivant local.

Le deuxième levier est un volet de plaidoyer visant à sensibiliser à l’importance des métiers manuels. En 2023, nous avons obtenu 150 parutions médiatiques et avons été missionnés par le gouvernement dans le cadre du plan gouvernemental métier d’art pour la jeunesse. Nous avons publié un manifeste avec des professionnels de l’éducation et diffusé des outils pédagogiques, comme notre cahier « Je Découvre les Métiers de la Main », lors de salons d’orientation pour toucher un large public d’enseignants et d’élèves.

En résumé, nos actions reposent sur une double approche : une action de terrain pour déployer des dispositifs pédagogiques dans les établissements scolaires et un volet de plaidoyer pour diffuser l’importance de l’intelligence manuelle et des métiers manuels dans le système éducatif.

Quel est le rapport des jeunes aujourd’hui aux métiers manuels ?

Le constat est triple : d’abord, il y a une absence de pratique manuelle dans le parcours scolaire, ce qui a un impact sur les apprentissages et la réussite scolaire des jeunes. Nous avons constaté que près de 48 % des participants aux ateliers n’avaient jamais rencontré d’artisan auparavant. Cela traduit une méconnaissance des métiers manuels, avec des conséquences directes sur l’orientation des jeunes. Cette absence de contact avec les métiers manuels découle d’un manque de culture matérielle : aujourd’hui, les jeunes sont moins confrontés à la matière et au plaisir de faire avec leurs mains dans le cadre scolaire. Cette situation les freine non seulement dans leur orientation, mais aussi dans la révélation de leur potentiel. On sait que tous les enfants n’apprennent pas uniquement de manière théorique. L’expérimentation, la manipulation et le fait de se tromper sont essentiels pour leur apprentissage. On le voit souvent dans nos ateliers : certains élèves comprennent mieux les notions vues en cours grâce à un atelier pratique. Ensuite, cette absence touche aussi la santé physique et mentale des jeunes, car elle est liée à une surexposition aux écrans, ce qui engendre des problèmes de motricité fine dès le primaire. Enfin, il y a des difficultés de recrutement et de transmission dans les entreprises du patrimoine vivant, un enjeu bien au-delà de la simple préservation du patrimoine, car ces métiers sont essentiels pour le dynamisme culturel et social, en particulier dans les territoires ruraux.

En quoi consiste votre programme « Je découvre les métiers manuels » soutenu par la Fondation groupe EDF ?

 Le programme « Je découvre les métiers manuels » se déploie dans les établissements scolaires volontaires. En raison de la forte demande, avec près de 200 collèges sur liste d’attente, les écoles sont sélectionnées selon des critères géographiques. Une fois une région choisie, nous établissons un réseau local en identifiant des artisans et des entreprises partenaires, qui, avec nous, coconstruisent et animent des projets au sein des écoles. Ce maillage territorial est au cœur de l’innovation sociale du programme, en consolidant des écosystèmes locaux. C’est pour ça que nous ne sommes que dans quelques académies. Nous nous appuyons sur la collaboration entre deux secteurs qui n’avaient pas l’habitude de travailler ensemble : l’artisanat et l’Éducation nationale.

Ce programme de 15 heures se divise en deux volets : d’abord des temps en classe où les élèves préparent les ateliers en abordant des outils pédagogiques avec leurs enseignants, comme des exercices, des lectures, ou encore des bandes dessinées. Ensuite, ils participent à des ateliers pratiques animés par des artisans. Les élèves, répartis en petits groupes, découvrent chaque jour un métier manuelle différent, tels que la céramique, la menuiserie ou l’électricité, durant des sessions d’une heure.

Au total, les élèves découvrent 9 métiers manuels et abordent 9 notions scolaires en lien avec ces métiers, réparties autour de trois grandes thématiques : comprendre ce qu’est un métier manuel, découvrir le processus de transformation d’un matériau brut en objet fini, et explorer les enjeux d’orientation professionnelle liés à ces métiers. L’objectif est de leur offrir une vision plus large des possibilités professionnelles, tout en liant la théorie scolaire à des pratiques manuelles concrètes.

Quelles méthodes utilisez-vous pour capter leur attention et leur donner envie de s’engager dans les métiers manuels ?

Pour capter leur attention, nous misons d’abord sur la pratique. Aujourd’hui, les jeunes au collège sont submergés d’informations sur l’orientation – vidéos, témoignages, etc. Ce qui fait la différence avec notre programme, c’est qu’on leur permet d’explorer et d’expérimenter par eux-mêmes, en utilisant leur corps. Quand un élève repart du collège avec un objet qu’il a fabriqué de ses propres mains, cela renforce sa confiance en lui, surtout dans un système scolaire où il peut souvent se sentir en difficulté. C’est là l’une des premières valeurs ajoutées de notre approche.

La deuxième valeur ajoutée réside dans la création de liens concrets entre le parcours académique et la pratique. Notre programme ne se limite pas à une simple découverte des métiers manuels, mais s’intègre dans un processus pédagogique. Nous renforçons cette approche en recrutant un responsable pédagogique pour affiner nos parcours, car notre but est d’aller au-delà de l’orientation et de nourrir les savoirs fondamentaux des élèves. La réussite de ce projet réside aussi dans le lien que l’on crée avec l’établissement scolaire et les enseignants. C’est fondamental pour faire le lien entre la théorie et la pratique et intégrer ce dispositif au temps scolaire.

Quelles sont les réactions des jeunes qui participent à ce programme ?

Ce qui est frappant, c’est que nos ateliers redéfinissent souvent les dynamiques habituelles en classe. En général, les enseignants connaissent déjà les élèves qui excellent académiquement et ceux qui rencontrent des difficultés. Mais, dans le cadre de nos ateliers, ce sont souvent des élèves inattendus qui se révèlent. Par exemple, un élève en difficulté scolaire, récemment arrivé de l’étranger et ne parlant pas très bien français, a étonné tout le monde en excellant dans un atelier de broderie. Il a réalisé une œuvre magnifique alors qu’il n’avait jamais pratiqué cette activité auparavant. Grâce à sa créativité et sa dextérité, il a changé le regard de ses enseignants et des autres élèves sur lui.

Comment le soutien de la Fondation groupe EDF vous accompagne-t-il dans le développement de ce programme ? 

Le soutien territorial pluriannuel de la Fondation groupe EDF est un élément clé pour nous, car il permet d’ancrer le programme localement, en ciblant spécifiquement certains collèges. Cette approche permet non seulement d’identifier des soutiens locaux mais aussi de renforcer notre présence et d’assurer un impact tangible. De plus, cette collaboration avec la Fondation nous permet de solidifier notre réseau d’artisans locaux et d’entreprises, créant ainsi un écosystème qui soutient et accompagne les jeunes tout au long de leur parcours. L’objectif n’est pas seulement de leur faire découvrir les métiers manuels, mais de garantir un suivi et une réussite durables, grâce à un maillage local solide. En ce sens, l’accompagnement territorial n’est pas simplement une action ponctuelle, mais une démarche stratégique pour garantir l’impact et la pérennité de notre programme. Et nous partageons avec la Fondation groupe EDF l’importance d’aller sur le terrain et de soutenir des initiatives adaptées au niveau local, ce que permet son dispositif de mécénat territorial.

Les actualités de l’association

Retrouvez en septembre 2025, « En finir avec les idées reçues sur les métiers manuels » aux Éditions de l’Atelier, un ouvrage collectif réalisé par 45 auteurs qui déconstruisent 45 idées fausses sur ces métiers manuels.

Envie d’en savoir plus sur l’association, découvrez leur manifeste.

Un projet que nous sommes fiers de soutenir

La Fondation soutient le programme pédagogique « Je découvre les métiers manuels » qui permet à des collégiens d’ouvrir de nouveaux champs d’orientation et à révéler leur potentiel à travers la pratique manuel. Au cours des trois prochaines années, le financement attribué permettra de soutenir le développement d’outils pédagogiques, l’organisation d’ateliers de pratique manuelle dans les collèges et la coordination pédagogique du programme.

Pourquoi un tel soutien ? Parce que ce projet incarne les engagements de la Fondation en faveur de l’éducation et de l’insertion. Il offre aux jeunes une opportunité de découvrir les métiers manuels, de les guider dans leurs choix d’orientation, et de valoriser ces professions, tout en leur ouvrant des perspectives d’émancipation.

Pour en savoir plus sur notre engagement 
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