Le Déclic : l’accompagnement des jeunes NEET grâce aux réseaux sociaux
Porté par l’association WeTechCare, le programme Le Déclic propose un accompagnement innovant et sur-mesure aux jeunes NEET (neither in employment nor in éducation or training, c’est-à-dire les jeunes sans emploi, ni étude, ni formation), en les rejoignant directement sur leur terrain : les réseaux sociaux.
Entretien avec Sonia, Directrice des accompagnements jeunes chez WeTechCare, et Neila, une jeune accompagnée par l’association. Elles partagent leur expérience et nous expliquent l’impact de ce projet sur l’insertion socio-professionnelle.
Pourriez-vous nous présenter WeTechCare et quelle est sa mission principale ?
Sonia : WeTechCare est une association fondée en 2016, qui crée des solutions digitales visant à accélérer l’inclusion et le progrès social. L’association s’articule autour de deux activités principales.
La première, l’inclusion numérique, portée par la plateforme Les Bons Clic, consiste à rendre accessible à tous, les opportunités du numériques et des outils digitaux
La seconde activité est le projet Le Déclic, qui soutient les jeunes dans leur recherche d’emploi et leur insertion, en les accompagnant sur leurs candidatures et leurs questions d’orientation directement via les réseaux sociaux.
Depuis sa création, WeTechCare et ses plateformes ont déjà aidé plus d’un million de personnes, dont 10 000 jeunes qui ont bénéficié du programme Le Déclic.
Sur le projet Le Déclic soutenu par la Fondation groupe EDF, vous avez décidé de cibler les NEET. Pourquoi ce choix ?
Sonia : On a choisi de se concentrer sur les NEET parce que ce sont des jeunes qui n’ont souvent ni le réseau personnel ni les ressources à leur disposition pour sortir de cette situation, et certains peuvent être parfois en situation de grande précarité.
Ils n’osent aussi plus pousser la porte des structures, soit parce qu’ils ne les connaissent pas, soit parce qu’il y a une inhibition à expliquer leur situation de vive-voix.
Il y avait donc un besoin évident de nouvelles formes d’accompagnement, avec des solutions adaptées à leurs habitudes.
Aujourd’hui, on sait que ces jeunes passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux et échangent facilement avec des marques comme avec leurs proches.
L’idée de notre projet, c’est d’utiliser ces réseaux, sur lesquels ils sont à l’aise de discuter, pour les repérer et les accompagner de manière “agile”, en phase avec leurs pratiques et leurs attentes.
Bien qu’ils maîtrisent les applications, beaucoup ont souvent des lacunes sur les codes de la recherche d’emploi ou de formation, et c’est là où Le Déclic intervient : on les aide à devenir plus autonomes en fonction de leur situation et de leurs objectifs.
On distingue deux profils : ceux qui sont perdus dans leur orientation et n’ont pas de projet, et ceux qui ont un projet mais qui ont besoin d’un coup de pouce pour postuler efficacement. Grâce aux réseaux sociaux, on met à leur disposition des solutions concrètes et accessibles pour les aider à avancer.
Comment se passe concrètement un accompagnement avec Le Déclic ?
Sonia : L’accompagnement commence par une campagne de communication. Lorsqu’un jeune nous contacte, c’est qu’il a vu notre publicité. Il peut nous joindre via WhatsApp ou Messenger, et est mis en relation avec un médiateur. Nous réalisons un diagnostic pour comprendre sa situation et lui proposer des solutions adaptées, dans un cadre bienveillant et sans jugement.
En fonction des besoins identifiés, nous l’accompagnons, avec des actions concrètes comme la création d’un CV, la rédaction d’une lettre de motivation. Nous pouvons aussi regarder avec lui des offres en ligne ou lui partager des salons de l’emploi.
Le suivi dans le temps est clé, pour assurer que le jeune reste motivé dans une recherche qui ne se débloque jamais d’un coup.
Si cela est bénéfique pour lui, notamment si il y a des freins particuliers à lever ou besoin d’un accompagnement plus resserré, nous l’orientons vers des structures physiques (par exemple les Missions Locales), qui ont une bonne connaissance de l’emploi local et peuvent les accompagner à 360° sur leurs différentes problématiques.
Enfin, certains jeunes, souvent étudiants, bénéficient d’un accompagnement plus spécifique avec des mentors issus du monde l’entreprise. Ces jeunes ont déjà les codes de base mais ont besoin d’un soutien pour concrétiser leur projet professionnel dans un secteur précis, que ce soit pour un stage, une alternance, ou un emploi.
Les mentors, qui sont des professionnels du domaine, les aident à affiner leur stratégie et partagent leur connaissance de la recherche d’emploi et de leur secteur.
Neila*, vous êtes accompagnée depuis 1 an et demi par Le Déclic, comment les avez-vous découverts et comment vous ont-ils aidé ?
Neila* : Je les ai découverts sur Tiktok. J’avoue qu’au début j’étais un peu sceptique car j’avais déjà contacté certaines associations sans vraiment aboutir à quelque chose. Mais j’ai fini par les contacter et je ne regrette pas. Avant, je travaillais en tant que statisticienne à l’Institut National de la Statistique du Mali. À la suite d’une situation familiale difficile, je me suis retrouvée sans emploi, toute seule, dans un pays étranger. J’étais vraiment déprimée et je ne voyais plus d’issue. Dès que je les ai contactés, une médiatrice a tout de suite pris en compte mon problème ce qui m’a vraiment touché parce que je n’avais pas encore été écoutée. J’ai senti que j’allais avoir quelqu’un à mes côtés. Elle m’a directement dirigé vers une association, où j’ai commencé en tant que bénévole, puis j’ai pu avoir un contrat d’insertion dans une entreprise solidaire.
Qu’est-ce qui vous a marqué dans votre parcours avec Le Déclic ?
Neila* : Ce qui m’a marqué, c’est surtout l’écoute qu’ils m’ont apportée, mais c’est aussi l’accessibilité. À cette période, je n’avais que mon téléphone. Même me déplacer, c’était un peu compliqué. Alors, le fait que ce soit accessible depuis mon téléphone était avantageux pour moi. Et aussi, la présence : avoir enfin quelqu’un qui est là pour moi, la médiatrice m’encourageait et me montrait que j’allais m’en sortir. Entre la Neila* d’aujourd’hui et celle d’avant, ce n’est plus du tout la même personne.
Quels sont vos projets ? Que diriez-vous aux jeunes qui se retrouvent dans une situation compliquée aujourd’hui ?
Neila* : Je souhaite reprendre mes études en lien avec ma formation initiale de statisticienne : je veux devenir data analyst. À ceux qui se trouvent dans une situation difficile, je dirais qu’il faut oser en parler. Si je ne l’avais pas fait, rien n’aurait changé
Sonia, qu’attendez-vous d’une fondation comme la Fondation groupe EDF ?
Sonia : Premièrement, bien sûr, il y a le soutien financier, car notre projet Le Déclic est encore jeune. Nous sommes particulièrement reconnaissants envers des fondations comme celle d’EDF, qui croient en nous et nous soutiennent dans cette démarche d’innovation, ce qui est encore assez rare aujourd’hui. Cela va nous permettre de toucher encore plus de jeunes via notre action sur les réseaux sociaux.
Deuxièmement, il y a la visibilité et un gage de confiance car c’est une fondation reconnue dans l’insertion.
Enfin, nous sommes toujours à la recherche de mentors pour aider nos jeunes et nous apprécions d’avoir à nos côtés des salariés du Groupe EDF qui viennent partager leurs expériences et encourager les jeunes à nos côtés.
*Neila est nom d’emprunt
Pour en savoir plus sur ce projet, consulter le site web de WeTechCare
Un projet que nous sommes fiers de soutenir
La Fondation soutient le programme Le Déclic, qui accompagne les jeunes dans leur insertion professionnelle en leur offrant un accompagnement sur-mesure via les réseaux sociaux grâce à des campagnes de communication ciblée.
Pourquoi un tel soutien ? Parce que ce projet fait écho aux valeurs et à l’ambition de la Fondation en matière d’insertion et d’éducation : il permet aux jeunes NEET de trouver leur place la société en les accompagnant dans leur accès à la formation et à l’emploi.