Rencontre avec Philippe Rouanet, Responsable du mécénat international à la Fondation

• Bonjour Philippe, pouvez-vous vous présenter ?

Ingénieur de formation, je pilote depuis ce début d’année le mécénat international de la Fondation. J’ai exercé plusieurs fonctions au sein du Groupe EDF, notamment de développement à l’international et pour beaucoup en Corse et en Outre-mer (SEI). J’ai rejoint avec enthousiasme la Fondation pour lancer la dimension internationale de son nouveau mandat. Nous sommes une équipe de 4 personnes, entièrement dédiée à l’instruction et au suivi des nombreux projets proposés. 

• Quelle est l’ambition à l’international de la Fondation avec son nouveau mandat ?

L’action de la Fondation à l’international n’est pas nouvelle, elle date de 2013. Elle se caractérisait jusqu’à présent principalement par l’électrification d’installations offrant des services collectifs (écoles, dispensaires, adduction d’eau…) dans des pays en voie de développement.

Dans le cadre de notre nouveau mandat, nos champs d’intervention deviennent les mêmes qu’en France : éducation, formation et écocitoyenneté, levier d’insertion et d’action. Et quand cela fait sens, nous pourrons aussi instruire des actions culturelles qui sont des leviers de construction collective. Chaque projet doit répondre à de vrais besoins locaux et notre soutien doit avoir une plus-value pérenne.

De fait, la question de l’accès à l’éducation n’étant pas acquise dans beaucoup de pays, c’est là que notre action porte prioritairement à commencer par l’accès à l’électricité. Nous allons donc intervenir plus particulièrement sur des projets, qui grâce à l’électricité, vont aider des personnes éloignées des structures habituelles de formation et de l’emploi. Cela nous inscrit par nature dans le temps long là où nous intervenons, et participe davantage encore à notre politique de développement de l’autonomie des populations bénéficiaires.

Nous favorisons également le développement économique, avec des projets où éducation et formation à des métiers vont permettre de dégager des revenus pour les populations locales tout en respectant l’environnement. Par exemple, former des bénéficiaires à développer et maintenir des installations d’énergie renouvelable favorise le développement autonome. Dans cette même dynamique, nous soutenons des actions de formation en matière d’agroécologie.

• Comment choisissez-vous les pays d’intervention ?

Pour des raisons d’impact, c’est-à-dire d’efficacité de nos actions, nous envisageons de nous recentrer sur un petit nombre de pays : agir dans le temps long suppose aussi de mieux intégrer l’écosystème dans lequel nous intervenons. Nous privilégions les pays dans lesquels le Groupe est présent, ce qui nous permet de mobiliser des salariés sur place.

• Concrètement, quelle est la nature des soutiens ?

Notre premier soutien, outre l’aide à la définition du projet dans sa dimension d’électrification quand elle existe, est un soutien financier. Nous appuyons entre 30 et 40 projets par an pour un montant annuel d’environ 2M€.

Grâce au concours des 250 volontaires, ces salariés du Groupe (EDF, ENEDIS, Dalkia, EDF Renouvelables) que la Fondation a formé, les associations aidées bénéficient d’un appui la conception et l’instruction et la mise en œuvre des projets. En 2023, ces bénévoles ont offert près de 500 jours en tout aux projets soutenus par la Fondation.

• Le premier Comité de sélection international vient de valider le soutien à 15 projets. Comment sont-ils instruits et sélectionnés ?

Les projets sont tous proposés par des associations françaises qui ont des relais locaux auprès des populations bénéficiaires. Ce dispositif garantit que nos financements, qui sont toujours associés à ceux d’autres fondations ou organismes de développement (UNICEF, AFD…), répondent à des besoins venant « du terrain ».

La Fondation s’assure de leur cohérence avec le nouveau mandat et engage un échange avec l’association pour instruire, challenger et parfois amender le projet en particulier pour en assurer la pérennité. Dans la plupart des cas, une mission sur place est nécessaire : elle permet de rencontrer les acteurs qui portent le projet ou qui en seront les bénéficiaires, d’aller sur les sites d’implantation prévisionnels des installations quand il y en a, de valider les hypothèses de dimensionnement et parfois simplement la réalité des conditions décrites sur le papier.

Nous avons validé lors de ce comité de sélection une quinzaine de projet dans 9 pays, c’est maintenant une nouvelle phase qui s’ouvre : celle de la réalisation, pour laquelle nous allons attentivement suivre la réalisation des projets et pour laquelle nous allons solliciter nos collègues salariés pour aller sur le terrain donner un coup de main !